Lettre de la Société des Amis du musée de Groix

------------------------------------------------------------------------------------------------- 20 Juillet 2013

Le musée de Groix est un des 1 218 musées de France

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Il y a un siècle ...

Juin 1913 : la première bénédiction des thoniers, point d'orgue de l'apogée de la flotte groisillonne


D'une bénédiction à l'autre ...

La bénédiction des Coureaux, où l'on vit longtemps une affluence de Groisillons, était une bénédiction de la pêche à la sardine, lors de laquelle se rencontraient les flottilles de chaloupes sardinières de l'île de Groix et du continent ( Larmor, Gâvres, Riantec, etc ...). Cependant les Groisillons abandonnèrent progressivement la pêche à la sardine, ainsi que l'a démontré Pierre Tromeleue dans son article intitulé " 1870-1900 : déclin de la pêche sardinière groisillonne" ( in Cahiers de l'île de Groix n° 4, 1999). Publiant ainsi certains des résultats des recherches de son DEA d'histoire, il rappelle que :


" - En 1871, la vente de la sardine représentait 49,6% de la valeur totale des produits groisillons.
- En 1888, elle ne compte que pour 15%
- En 1898, 1,5% Et en 1900, 2,5%


Vitrail de Locmaria ( détail) cliché © Philippe Dagorne

 

De fait, les Groisillons ont été les premiers en Bretagne à anticiper les crises sardinières, qui débutent dans les années 1880, en armant à partir des années 1850-60 pour la pêche au large
(chalut et thon), plus rémunératrice ( d'autant plus qu'en ce qui concerne la sardine, la rogue grève la plus grande partie des gains des sardiniers). Malheureusement l'administration maritime de l'époque ne comptabilise le thon séparément des autres espèces qu'à partir des années 1880, ce qui rend difficile l'évaluation précise de ce superbe essor durant les périodes antérieures.

La bénédiction sardinière des Coureaux perd donc progressivement une partie de sa signification pour une île de Groix qui devient le premier port d'armement thonier français.

C'est alors que naît d'abord une messe des thoniers, à l'église du Bourg, en juin 1894, lors de laquelle le recteur commence à réunir tous les pêcheurs avant le départ pour la campagne au thon. Déjà sont présentes certaines des composantes de la future bénédiction des thoniers :

- Le service solennel pour les Groisillons péris en mer

- La venue d'un prédicateur du continent pour un sermon de circonstance.

Curieusement, ce n'est qu'en 1913, le 15 juin, que cette manifestation devient le Pardon des thoniers de Groix en prenant l'ampleur qu'on lui connaît par la suite.

D'après le recteur Allain, dans la Croix de Groix du 1er juin 1913, il s'agit de s'inspirer de l'exemple des bénédictions morutières comme le fameux pardon des Terre-Neuvas de Paimpol.

Pourrait-il s'agir aussi, comme cela a été le cas pour les régates de Groix ( voir Hatoup n° 2, p39-40), d'attirer l'attention sur la flotte groisillonne et ses besoins, à une époque où le projet d'agrandissement de Port-Tudy s'enlise dans les querelles intestines liées à des intérêts privés ? L'abbé Noël, décédé depuis 1907, n'est plus là pour aider à prolonger la synergie qui avait accompagné l'essor thonier, alors qu'il militait pour les assurances et les mutuelles des armateurs et marins, la construction du port de Locmaria, l'agrandissement de Port Tudy, la création d'une compagnie groisillonne de transport de passagers ...

Ne pourrait-il pas y avoir aussi, dans le contexte tendu des années qui suivirent la séparation de l'Eglise et de l'Etat, une réponse à la grande fête républicaine organisée par le maire Emile Bihan l'année précédente, en 1912, également en juin avant la partance des thoniers, fête à laquelle de nombreuses personnalités étaient venues asssister depuis le continent, et lors de laquelle certains discours semblent bien avoir été teintés d'anti-cléricalisme ( v. Nouvelliste du Morbihan du 25 juin 1912)?

On sait que le redoutable recteur Allain était nettement moins populaire que l'abbé Noël, et cependant c'est une immense fête qu'il réussit à mettre sur pied en 1913, avec l'aide du Comité des fêtes, qui prendra encore davantage d'ampleur après l'interruption de la guerre de 14, avec la participation des Pères Blancs de Kerlois. Ces 80 séminaristes, futurs missionnaires, montaient jusqu'à l'église paroissiale pavoisée chanter la grand'messe du matin, et participaient à la procession de retour au port l'après-midi, avec tous les fidèles des villages de l'île portant leurs statues et bannières, afin d'assister à la prédication, de bénir la flotte rassemblée à Port Tudy, puis de revenir à l'église pour une dernière messe avant de réembarquer.



La fête du 15 juin 1913 prend déjà cependant une grande ampleur, et elle y met particulièrement à l'honneur le canot de sauvetage Rosalie Marchais, offert en 1901 à la station de Groix, ainsi que les sauveteurs de l'époque. On peut rappeler au passage que bien plus tard, en 1932, c'est le sauvetage héroïque à l'aviron par le Rosalie Marchais (pourtant en fin de carrière) de l'équipage du chalutier Cécile drossé par l'ouragan sur le Grazu, en même temps que des premiers sauveteurs arrivés sur les lieux et à leur tour naufragés, qui provoquera l'intérêt du grand quotidien Le Matin et le renouveau des régates de thoniers de Groix auxquelles le journal offrait la Coupe de l'Atlantique...

Juin 1913 ne restera pas la seule fois où la Bénédiction des thoniers sera associée à la mise à l'honneur des sauveteurs en mer : ce sera également le cas en 1951 pour le baptême du Grussenheim-Alsace, dont le souvenir a été préservé lors des échanges de classes dans le cadre du musée durant de nombreuses années …

 

Voici un extrait de «  La CROIX de l'île de Groix  » du n° 339 du recteur J.M. Allain

Bénédiction solennelle de la flottille groisillonne 15 Juin 1913

Mes chers Paroissiens,

J'ai le bonheur de pouvoir réaliser, cette année, l'un des rêves que j'ai fait, en arrivant dans cette paroisse, et dont je vous ai entretenu à plusieurs reprises dans notre petite «  Croix ». C'est la bénédiction solennelle de toute la flottille groisillonne donnée à Port-Tudy, au moment de son départ pour le thon.

A Paimpol, lors de la partance des bateaux pour la morue, tous les ans, il se fait une procession grandiose. Les paroisses environnantes, avec leurs croix, leurs bannières, leurs oriflammes, y prennent part. Elle se dirige vers le port au chant des cantiques. Là, toutes les goélettes sont magnifiquement pavoisées et le clergé bénit la mer. Puis, après un sermon de circonstance, on rentre, en procession de nouveau, à la paroisse, pour recevoir la bénédiction du Très Saint Sacrement. La même cérémonie a lieu dans presque tous les ports de la Manche et du Nord.

Désormais, nous aurons aussi notre bénédiction solennelle de la mer et tous nos dundées. Cette année, la fête aura lieu à Port-Tudy, le Dimanche 15 Juin. Les membres du Comité des Fêtes, que je félicite de leur heureuse initiative, m'ont prié de donner à la cérémonie, tout l'éclat possible. Nous ferons de notre mieux. Sa Grandeur Mgr l'Evêque de Vannes veut bien nous honorer de sa présence. Tous les prêtres nés dans la paroisse, j'en ssuis persuadé, tiendront à honneur de venir à Groix, ce jour-là.

Quel magnifique spectacle ce sera, que celui de nos 300 dundées constituant la plus forte fottille de pêche de toute la France, réunis dans le port et dans la rade, tous pavoisés dans la fraîcheur d'une toilette neuve. Quel coup d'oeil que celui de toutes les bannières de l'église paroissiale et des chapelles, réunissant autour d'elles, les hommes et les femmes des différents quartiers aux emplacements qui leur seront fixés. Les Vêpres chantées dans cet encadrement unique de Port-Tudy ; la population entière célébrant la gloire de Dieu et de la Sainte Vierge ; un sermon de circonstance donné par un de nos meilleurs orateurs ; voilà, mes chers paroissiens, le spectacle doux et consolant dont nous jouirons le 15 Juin. Et alors, Monseigneur bénira les dundées, demandant à Dieu de nous donner en abondance, les fruits de la mer, de garder tous les bateaux, de préserver de tout mal ceux qui vont partir et de nous les ramener sains et saufs .

Cette cérémonie doit réveiller dans tous vos cœurs, mes chers marins, la pensée de remercier Dieu pour les grâces reçues et l'espérance qu'il récompensera les dures fatigues que vous allez encore endurer pour gagner un peu de pain à vos enfants.

Et alors, à Dieu vat ! Vous aurez tous fait un grand acte de foi que la Providence ne peut pas ne pas récompenser.

Votre tout dévoué Recteur J.M. Allain

 

Dispositif de la fête du 15 Juin

A 2h. Réunion à l'église paroissiale. A 2h ? distribution des cantiques, puis formation de la procession dans l'ordre suivant : les femmes devront se mettre sur 2 rangs, 2 à 2. Les hommes se regrouperont autour des bannières.

En face de l'Octroi : croix et bannières de Locmaria. Près de la maison Marec : bannières du Méné. En face de l'hôtel de la Marine : bannières de Saint Léonard. Sur la place : croix et bannières du bourg.

En arrivant à Port-Tudy, le quartier de Locmaria se placera du côté sud, près la voilerie Calloch. Les quartiers de Saint Léonard et du Méné se dirigeront du côté Nord, près la cabane du canot de sauvetage. Le quartier du bourg et le Clergé prendront place entre les maisons Tristan et Kersaho.

Chant des Vêpres. Sermon. Bénédiction de la mer et des dundées.

Retour à l'église paroissiale dans l'ordre suivant : le quartier de Locmaria en tête, puis les quartiers du bourg, de St Léonard et du Méné.

Les paroissiens sont instamment priés de suivre ces dispositions. Ainsi l'ordre sera parfait, et ce sera une fête sans pareille.

Samedi 18 Mai 2013 Nuit européenne des musées

Cliché © CLG
 

L'écomusée de Groix ayant été fermé pour cause de travaux, la SAMG a proposé une conférence-projection de Jean-Yves Le Lan, à Port Lay, sur le navire St Géran et les six marins groisillons qui étaient à bord

suivie du film " Marins de Groix. La migration vers Keroman", réalisé par les élèves du collège St Tudy.

De 20h15 à 21h10 :
Le Saint-Géran par Jean-Yves Le Lan

Six marins de Groix se trouvaient à bord du Saint- Géran, le vaisseau de la Compagnie des Indes qui fit naufrage à l'île Maurice le 17 août 1744. L'île de Groix a été marquée par l'histoire de la Compagnie des Indes à divers titres, et le St-Géran, rendu célèbre par le roman « Paul et Virginie » de Bernardin de St-Pierre, est particulièrement bien documenté, non seulement grâce aux archives, mais aussi grâce aux fouilles sous-marines
.
 
Cliché © LR
     
  Les musées de l'île Maurice et le spécialiste d'archéologie sous-marine Yann Von Arnim ont aimablement contribué à la riche iconographie qui a été projetée lors de sa conférence par Jean-Yves Le Lan, président du Comité d'Histoire du Pays de Ploemeur, ancien ingénieur en construction navale faisant des recherches en histoire depuis une douzaine d'années, et qui s'est rendu également sur les lieux.

 

Jean-Yves Le Lan a bénéficié en cette occasion de l'iconographie de la Mauritius Marine Conservation Society, du Blue Penny Museum, du Musée de Mahebourg, et du chercheur Yann Von Arnim spécialisé dans l'archéologie sous-marine.

 

 

 

De 21h10 à 22h20 : Marins de Groix : la migration vers Kéroman

Le musée de Groix est partenaire du collège Saint-Tudy dans le projet de collecte de mémoire sur la très importante migration des marins de Groix vers l'activité de chalut industriel en plein essor à Kéroman, au point d'aboutir à la création d'un véritable "quartier grec" au port de pêche.

Le premier des trois DVD de la série en cours recueille les témoignages de 12 personnes sources, anciens marins et femmes de marins, ainsi que de l'historien Michel Perrin qui éclaire les raisons premières de cette migration. Les insuffisances des infrastructures de Port-Tudy à un moment stratégique, les mutations de l'île et l'essor du port de pêche de Lorient sont croisés avec les destinées individuelles. Ce travail d'équipe trans-générationnel se poursuit, grâce à l'aide reçue du Conseil Régional par le collège St-Tudy.

Solution du jeu de l' objet insolite de la lettre n° 19

 

Ces marins apparaissent sur une assiette

Cliché © CLG

L'assiette des trois marins de Groix par Platon

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Cette assiette historiée exposée au musée de Groix, est un dépôt d'Auguste Robins présentant la chanson des Trois marins de Groix.

Elle a été produite par un personnage bien connu de Belle-Ile-en-Mer, où il s'est installé en 1929, avec un atelier au village de Domois et une boutique au Palais, place de l'Hôtel de Ville. Il s'agit de Platon (1888-1968), de son vrai nom Nicolas Platon Argyriades, né à Marseille d'un père avocat d'origine grecque. Il fut formé à l'Ecole nationale de céramique de Sèvres. Son atelier de Belle-Ile fonctionna environ 30 ans durant la saison touristique, tandis qu'il travaillait à Montmartre le reste de l'année.

Il fabriqua de nombreuses assiettes souvenirs sur des thèmes variés, souvent maritimes, des maisons en faïence polychrome, ainsi que des vases-livres d'inspiration humoristique et grivoise où il put exprimer pleinement sa gouaille parisienne.

La Société Historique de Belle-Ile-en-Mer a édité un ouvrage de Danielle Blancaneaux sur ses productions en 2008 : " Platon, un céramiste montmartrois à Belle-Ile-en-Mer", et a publié dans le n° 42 de sa revue un petit article intitulé " Le rire de Platon ", également par Danielle Blancaneaux

La chansons des Trois marins de Groix ( dont il existe différentes versions) était probablement suffisamment connue par un large public pour que le thème puisse sembler vendeur.

La diffusion de cette chanson a été poursuivie, dans un contexte plus directement lié à la culture de l'île de Groix, par le premier cercle celtique de Groix durant les manifestations auxquelles il participa dans les années cinquante et soixante, en Bretagne et aux quatre coins de France. Par la suite, le service des publics du musée de Groix continua à veiller à la transmission des Trois marins de Groix en l'enseignant aux jeunes des classes de patrimoine.

 

Jeu : L' objet insolite

De quel objet s'agit-il ? A quoi servait-il ?

    Cliché © CLG


Société des Amis du Musée de Groix - 4, Rue Jean-Pierre Calloch - 56590 GROIX

amisdumuseedegroix@hotmail.fr

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SAMG - Samedi 24 Juillet 2013