Lettre de la Société des Amis du musée de Groix
------------------------------------------------------------------------------------------------- n° 09 janvier 2010
Le musée de Groix est un des 1 310 musées de France
Né de la forme d’un cadre, l’idéogramme des muséesChers lecteurs
Meilleurs voeux à toutes et à tous.
Que 2010 vous apporte la réussite dans tout ce que vous entreprenez !
Cette nouvelle année est l'occasion pour nous de vous offrir une nouvelle rubrique : un témoignage direct en video.
Nous espérons vivement que vous serez toujours aussi nombreux à nous lire. Votre contribution a été extrêmement précieuse tout au long de cette année passée : grâce à vous l'écomusée a pu étoffer ses collections, le conservateur, de son côté, a recueilli et continue de recueillir de nouveaux témoignages, les conférenciers invités ont pu parfaire leurs recherches lors des rencontres proposées, l'association, elle-même, a été contactée par plusieurs musées et associations d'amis de musées pour de fructueux échanges ( parutions, échanges d'informations et rencontres).
Tous ces retours nous incitent donc à continuer sur la même voie !
Autre nouveauté, il vous sera désormais possible d'avoir accès à l'ensemble des lettres précédentes sur le site suivant :
http://calloch.jp.free.fr/Pages/samg.htm
Bonne lecture !
Dépôt du jour
Un
exemple du rôle des femmes dans le dynamisme économique de Groix
aux origines de l’essor spectaculaire de la fin du XIXème siècle
@ CLG
Un document rarissime ...
Ce gros registre, mis en dépôt au musée en 1983 par Adolphe Romieux, et que son fils nous a aimablement autorisés à reproduire, est un précieux témoignage de la diversité des activités de la famille Romieux au moment de l’apogée de la pêche à Groix, famille dont les descendants ont fait au musée au fil du temps de très nombreux dons pour ses collections, mais aussi une série de dépôts.
Ce registre est d’autant plus précieux qu’il a été utilisé essentiellement durant la période 1878-1892, période pour laquelle les archives administratives permettent, certes, de saisir l’importance de l’essor démographique et économique extraordinaire de l’île à cette époque qui est aussi celle de la construction de Port Tudy, mais sans en représenter toute les réalités, tandis que nous ne disposons pas de photographies pour ces années, pour lesquelles par ailleurs la couverture dans les journaux de l’époque est fort réduite : au demeurant l’abbé Noël ne lance la Croix de Groix qu’à partir de 1891.
Ce dernier, Laurent-Marie Noël ( 1860-1907), dont on connaît, entre autres, la façon dont il a milité pour la construction de la jetée de Locmaria, finalement construite en 1902, la création d’un compagnie groisillonne pour la liaison maritime avec le continent, etc ..., est l’un des enfants de Marie Magdeleine Romieux, et c’est justement celle-ci qui nous intéresse tout particulièrement à travers ce que nous apprend son registre.
En effet, nous savions déjà par le témoignage du regretté Yannick Romieux, spécialiste d’histoire de la médecine navale auquel Hervé Retureau consacrait tout récemment un émouvant article dans le n° 210 de décembre 2009 du bulletin de la société Olona dont il est président ( groupe d’études historiques, archéologiques et maritimes du pays sablais), que c’étaient surtout les femmes de la famille Romieux-Noël qui tenaient les comptes et géraient les bateaux de cette dynastie d’armateurs.
Mais ce registre nous apporte un éclairage extrêmement enrichissant, qui complète mais aussi apporte du nouveau par rapport aux éléments déjà étudiés par Pierre Tromeleue dans son beau DEA « L’Ile de Groix de la presse à la conserverie, de la sardine au thon » 1840-1900.
Mais ce registre nous apporte un éclairage extrêmement enrichissant, qui complète mais aussi apporte du nouveau par rapport aux éléments déjà étudiés par Pierre Tromeleue dans son beau DEA « L’Ile de Groix de la presse à la conserverie, de la sardine au thon » 1840-1900.
Celui-ci, lors de ses recherches, avait pu déjà étudier une grande partie de la diversification des activités de la famille de presseurs puis conserveurs Romieux, trouvant aux archives départementales du Morbihan des traces du commerce de la rogue de Bergen ( Norvège), indispensable aux pêcheurs de sardines, par les Romieux et les Noël, fonction qui persiste lors de la mutation des presses de Groix en conserveries, jusque vers 1888-1890 au moins, alors que désormais la pêche à la sardine était en plein déclin à Groix au profit du thon et du chalut, mais continuait à être pratiquée sur le littoral ( la rogue est en effet encore présente dans le registre étudié ici).
Le commerce des vins en gros, alimentant la flotte de chaloupes pontées et les débits de boisson, faisait partie également de leurs activités, et un magasin à vins était situé à l’emplacement de l’actuel Ty Mad, à côté de l’usine à thon Romieux transformée depuis 1981 en musée. Il y en avait également à Port-Lay, Port-Mélite et Locmaria, appartenant en 1880 à Noël Frères, profitant eux aussi de l’accroissement de la flotte pontée ( les deux maisons, Noël et Romieux, fusionnent en 1892).
Les Romieux, créateurs de la première conserverie de l’île, préfèrent se décharger ensuite progressivement de l’activité de conserve, à partir de 1896 ( mise en location de l’usine auprès de la maison bordelaise Dandicole et Gaudin, puis vente à celle-ci), pour se recentrer sur l’armement ponté et le vin en gros.
C’est justement un personnage comme celui, peu étudié, de Marie Magdeleine Romieux, appelée commerçante ou négociante selon les sources, qui nous permet, à travers un tel registre, d’étudier les liens entre le négoce et l’armement. Elle est la soeur de Jean-Pierre Romieux ( 1818-1871), le maire de Groix à l’origine de la première conserverie qu’il construit à l’emplacement d’anciennes presses à sardines à Port-Tudy, en 1863, en partenariat avec la maison Dubois-Allain et Cie de Port-Louis ( la conserverie Jégo, au même moment, avait eu pour premier édifice le logement du gérant et donc, semble-t-il, un temps de retard dans le début de sa production). Née en 1829, Marie-Magdeleine Romieux épouse en 1849 Joseph-Marie Noël ( 1817-1884).
Ce registre qu’elle a tenu dans les années 1878-1892, qui prend la suite chronologique d’un autre registre qui l’avait précédé mais qui ne semble pas avoir survécu, est d’une grande richesse.
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La consommation d’une île en plein essor et d’une clientèle de marins
En effet, on y voit tout son réseau de clientèle, sur toute l’île, et les denrées les plus fréquemment vendues :
------------ Des matériaux de construction, stères de bois, chaux, ciment, briques, ardoises sont très régulièrement cités, ce qui n’est pas surprenant en une période de travaux, petits ou grands, non seulement à Port Tudy, mais aussi, comme on le voit dans le registre, au Fort du Grognon et au Fort Lacroix ( sapin en 1878), et on imagine aisément aussi avec la croissance démographique spectaculaire de cette époque, l’afflux de nouvelles populations venant travailler à Groix, les besoins en habitations nouvelles liées au dynamisme économique de l’île. Beaucoup de particuliers achètent aussi de temps en temps un ou deux sacs de chaux, sans doute pour l’entretien de leur maison.
---------- - Les denrées de première nécessité pour lesquelles bien des familles ont un compte chez elle sont généralement plus ou moins les mêmes : chandelles, chicorée, café, sucre, sel, savon, farine ...
----------- De très nombreux pêcheurs lui achètent des pantalons, blouses et « capotes », achats fréquemment accompagnés d’ « huile cuite » ou « huile capote »: en effet, les vêtements de mer étaient huilés à la maison pour les imperméabiliser. Les couteaux reviennent également fréquemment parmi les achats de ces marins.
---------- - Le voilier Henri Calloch père, ( voilerie dont le musée possède une belle collection de plans de voilure), figure également parmi ses clients pour une série très importante de fournitures, de 1887 à 1889, que nous détaillerons plus loin ...
--------- - Le rôle de ship-chandler de Marie-Magdeleine Romieux est aussi bien visible tout au long de ce registre à travers d’autres ventes régulières de matériel de pêche et d’entretien des bateaux : lignes, fil, hameçons, rogue ( cette dernière servant à la sardine est bien moins souvent présente que les hameçons, sans doute en raison de l’essor de la pêche au thon, mais, en l’absence de précision, on peut penser aussi à certaines petites pêches côtières nécessitant aussi des hameçons), filin à monter ( pour les filets), peinture, coaltar, goudron, pinceaux, paumelles de voilier, cachou ...
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Le troc : découverte d’ un rôle moteur dans l’essor de l’économie de pêche
Mais surtout, on peut remarquer sur les pages de ce registre la manière dont les denrées sont payées par les Groisillons: en réalité, dans bien des cas, il s’agit de troc.
Nous savions déjà, grâce à des témoignages, comme celui de Fidèle Tonnerre, se remémorant une période plus récente, celle de l’entre-deux guerres, que très peu de liquidités circulaient sur l’île, et que bien des femmes de Groix, pour obtenir quelques denrées courantes, troquaient dans des épiceries de Groix des mottes de beurre de leur vache pour obtenir un peu de sucre ou de café. Pour une période encore plus contemporaine, celle des années1950-60, Jacques Bihan se souvient de ce qu’un agriculteur comme M.Chatté avait pu obtenir l’aide de Groisillons pour des travaux agricoles en échange de sacs de pommes de terre, tandis qu’une doctoresse qui avait accepté de soigner un cochon avait reçu par la suite une rouelle et autres bons morceaux ...
Mais ici, le troc est d’une toute autre ampleur, directement lié à la naissance d’une importante flotte pontée pratiquant la drague d’hiver : il s’agit de la fabrication de chaluts.
Une quantité de Groisillons, des hommes mais aussi des femmes, montent des chaluts, et les amènent à Marie-Magdeleine Romieux en échange de denrées consommables. Des sommes sont régulièrement marquées dans la colonne de droite comme correspondant à « sa remise pour façon une drague » ou parfois « demi-drague », amenée par tel ou tel client, et venant équilibrer les dépenses inscrites pour celui-ci dans la colonne de gauche. Par exemple, dans un village comme celui du Méné, on peut remarquer l’exemple de Véronique Stéphant, « surnommée la Fe Jules», dont se souvient bien l’abbé Pierre Guillemot qui l’a connue dans ses dernières années ( elle habitait la maison près de « Taltikar », pignon subsistant d’une maison en ruines, à la sortie du village vers Port-Mélite, où les pêcheurs retraités l’hiver se retrouvaient pour gorzailler en s’abritant des vents dominants). Véronique Stéphant, de 1880 à 1892, échange son travail de fabrication de dragues contre du sucre, du café, de la farine, de la chaux, du bois, comme tant d’autres Groisillons, et de même que la veuve Milloch, également du Méné, qui en 1891-1892 obtient par les mêmes moyens des chandelles, de la chicorée, du poivre, du sucre, du café, de l’eau de vie, du savon, des sardines, du sel ...
On sait à quel point le matériel de pêche revenait beaucoup plus cher au chalut qu’au thon, et courait également beaucoup plus de risques de pertes et d’avaries, sur les fonds rocheux, et dans les tempêtes de la drague d’hiver, mais on sait aussi à quel point cette pêche était indispensable pour équilibrer l’activité des chaloupes pontées puis des thoniers à l’année.
Le nombre impressionnant de chaluts ainsi « troqués » sur la courte ( mais stratégique) période couverte par ce registre aide à mieux comprendre certains aspects du financement de cette flotte pontée qui devient la première flotte thonière française, et la première en Bretagne à se tourner vers le thon, mais dont l’essor est en bonne partie alimenté aussi par le chalut, ainsi que l’avait déjà remarqué Pierre Tromeleue.
Et cette pratique du troc ne se limite pas aux chaluts ...
Si l’investissement important que représentait le matériel de drague a pu durant cette période être assuré au moins en partie grâce au troc ( ce qui n’était probablement plus, ou dans une bien moindre mesure le cas à la génération suivante, les tantes de l’abbé Guillemot, qui fabriquaient des culs de chalut au Méné, et qu’il aidait parfois dans leur travail, étant payées en espèces), on peut percevoir également d’autres pratiques apparentées au troc dans ce registre : un exemple particulièrement intéressant est celui des fournitures importantes que le voilier Henri Calloch prend chez Marie-Magdeleine Romieux pour son atelier, qui sont compensées par « divers mémoires pour chaloupe».
En effet, dans les années 1887-89, Marie-Magdeleine Romieux fournit Henri Calloch en toiles de plusieurs qualités différentes, aiguilles, fil à voile, fil goudronné, ralingues, cosses de cuivre, cosses galvanisées, margouillets, poulies, couteau ... Le prix de ces fournitures en quantités importantes est contrebalancé le 10 janvier 1888 par une « remise pour divers mémoires pour la chaloupe ». En raison de l’écriture, il n’est pas impossible qu’il s’agisse d’un pluriel, « les » au lieu de « la ». Malheureusement, aucun nom de bateau n’est mentionné.
Cependant, Michel Perrin nous a apporté des éclaircissements à ce sujet grâce à ses études sur les actes de propriété des chaloupes pontées. En effet, il a pu découvrir que le mari de Marie-Magdeleine Romieux, Joseph-Marie Noël, est présent de 1858 à 1883 dans les déclarations de propriété des sociétés d’armement de 22 chaloupes pontées ( il décède en 1884). Les « divers mémoires pour chaloupe » sont probablement liés à la fourniture de voiles pour celles-ci ( sans parler de 8 autres chaloupes, armées par Jean-Pierre Romieux, le frère de Marie-Magdeleine ...). En ce qui concerne les plus anciennes, nous ignorons dans la plupart des cas si elles naviguaient encore dans les années précédant cette mention sur le registre, tandis que certaines autres semblent avoir ensuite changé de mains. Mais plusieurs autres naviguaient encore en 1887 : La Blonde 3, le Grand Oriental, Marie-Eugénie, Paul et Mélanie, Jeune Anne-Marie, L’Aurore n° 2, ND de Lourdes, tandis que la ND de Placemanec est vendue à La Rochelle en 1886. Au demeurant, Michel Perrin a relevé que par la suite, en 1893, c’est justement Henri Calloch qui rachète aux Romieux la Blonde n° 3 construite à Belle-Ile en 1871 ...
Une telle flotte, naviguant hiver comme été, avait certainement des besoins suffisants en réparations et renouvellement de voiles ( les chaloupes les plus récemment acquises étant des années 1871 à 1883) pour qu’un arrangement puisse être trouvé avec le voilier Henri Calloch en échange de fournitures pour son atelier plutôt que d’espèces ... D’ailleurs, pour des périodes plus récentes, quelques témoignages oraux tendent à montrer qu’il serait parfois arrivé que des voiliers ou propriétaires de cafés-ship-chandlers de Groix auraient pris des parts de bateaux « en nature », en avançant des fournitures, mais il s’agissait sans doute d’une pratique qui se raréfiait considérablement en comparaison de l’époque des origines de l’essor de la flotte pontée groisillonne.
On savait déjà par ailleurs que pour l’armement de leurs bateaux les Groisillons avaient dans certains cas pu bénéficier de compléments de financements extérieurs, aux Sables d’Olonne, à La Rochelle, à Belle-Ile, et l’on percevait aussi, encore mieux depuis le très important travail de Michel Perrin sur les sociétés d’armement groisillonnes, le dynamisme dû à la solidarité d’innombrables petits armateurs, toute une population qui investissait tout son possible dans l’armement des bateaux.
Cette population était composée d’hommes, mais aussi de femmes, puisque Michel Perrin a trouvé à Groix la plus forte proportion de femmes armateurs de tout le pays de Lorient et des environs.
La part importante des femmes dans l’armement groisillon
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CLG
Au demeurant, c’est justement à la suite de la période 1878-1892, que nous percevons désormais mieux grâce à ce registre, que Marie-Magdeleine Romieux , veuve Noël, renouvelle la flottille familiale, et se lance directement dans l’armement de sloops à tape-cul et de dundées, armement dont nous connaissons toute l’étendue grâce aux recherches très documentées et rigoureuses de Michel Perrin pour son dictionnaire des armateurs : 12 bateaux de 1892 à 1908, avec au total 30 co-armateurs: l’Espoir, l’Elan, le Girondin, la France, le Myosotis, le Saint-Louis, le Petit Frédéric, le Saint Jean, le Saint Yves, le Sainte Anne n° 2, le Saint Laurent, le Narval ( dont le musée conserve une gouache de Paul-Emile Pajot). Parmi ses 30 co-armateurs dans les 12 sociétés d’armement ainsi créées, on trouve les fameux constructeurs du Palais, la société des enfants P.G Conan, pour le premier de cette série, l’Espoir de 1892 construit à Belle-Ile, et quelques membres de sa famille, dont son neveu Charles Marie Romieux, maire de Groix, l’un des héritiers de la conserverie de Jean-Pierre Romieux décédé en 1871, qui arme avec elle le Myosotis, mais aussi 7 autres bateaux de 1886 à 1906.
Ce n’est que le début d’une dynastie d’armateurs où les femmes joueront un rôle prépondérant : sa propre fille Marie-Léontine Noël-Alleno, mais aussi Joséphine Romieux, également gérante de la conserverie, Marie Romieux-Noël « senior » ( 10 bateaux de 1902 à 1928), Marie Noël « junior » ... Aux côtés de Marie-Magdeleine Romieux, bien d’autres femmes investissent leurs avoirs dans les mêmes bateaux, dans des proportions très variées, depuis le cas de Joséphine Noël qui elle aussi démarre de son côté une politique d’armement très active dans la flotte pontée groisillonne à partir de la construction du sloop l’Espoir ( prises de part dans 10 sociétés d’armement de 1892 à 1930, souvent aux côtés de Marie-Léontine Noël ( 1862-1946), veuve Alleno, fille de Marie-Magdeleine Romieux-Noël, et qui prend des parts dans 9 bateaux de 1904 à 1934), ou d’une manière plus modeste, comme Anna Stéphan, cultivatrice, pour 1/8ème de La France de 1896, ou Jeanne-Rose Noël pour le Sainte Anne n° 2 de 1905, Marie Stéphan pour le St Laurent de 1907, ou la bouchère Joséphine Yvon pour le Narval en 1908, aux côtés, bien sûr, de nombre d’autres co-armateurs, pour la plupart marins. Sur les 12 bateaux de Marie-Magdeleine Romieux cités ici, et les 42 prises de parts afférentes, on trouve 17 prises de parts par des femmes ( en incluant Marie-Magdeleine Romieux sur chacun des bateaux).
Nous disposons malheureusement de trop peu d’archives privées pour nous en faire une idée complète, mais on a sans doute à travers ce cas particulier l’une des explications permettant de comprendre comment une île décrite explicitement comme une île pauvre par Jean-Pierre Calloch dans l’un de ses poèmes, a pu investir dans une flotte pontée aussi importante, à l’essor aussi spectaculaire, alors que sa seule richesse était le talent et les savoir-faire de sa population maritime : le regroupement de tant de dynamismes individuels en de multiples petites sociétés d’armement a réussi à réunir les moyens d’une telle flotte malgré le manque de liquidités, et cela doit être dû en partie au complément précieux apporté par l‘importance de l’investissement et de l’implication des femmes, ainsi qu’au recours, entre autres, à des pratiques de troc, pour le matériel coûteux que représentaient les chaluts, et à des participations en nature de la part de certains des artisans de Port Tudy.
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CLG
Mardi 26 Janvier
Patrimoine: les élèves de 6° du collège Saint Tudy en visite au musée
Dans le cadre des Arts plastiques, les élèves de 6° ont visité l'écomusée, d'abord librement puis en compagnie du conservateur, Sylvie San Quirce, et de leur enseignante, Catherine Le Goff.
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- - - - @ collège Saint Tudy- -
La
première étape de la démarche pédagogique consiste à mettre en adéquation
le programme des
Arts plastiques du niveau 6°, dédié à une approche de l'objet et certains
aspects de sa représentation
du point de vue artistique et culturel, avec le contexte muséographique
propre au lieu de l'établissement,recommandé
par le Ministère de l'éducation.
Par
son caractère concret, l'objet renvoie à l'expérience sensible des
élèves.
L'observation de tout objet engage à se questionner sur sa fonction et son
statut.
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@ collège Saint Tudy
L'objet ne se réduit pas à sa dimension matérielle, c'est aussi un objet culturel inscrit dans l'histoire. C'est ainsi que certains objets trouvent au musée une consécration sans rapport avec leur destination première, utilitaire, rituelle ou symbolique.
La deuxième étape de la démarche pédagogique s'ancre dans le projet mené l'année scolaire passée sur le thème: « Une culture en partage: hommage aux donateurs » proposé par le conservateur.
C'est ainsi que chaque élève a, dans un premier temps, fait le choix d'un objet exposé dans les salles accessibles au public, puis, dans un second temps, dans les réserves du musée.
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- - - -- @ collège Saint Tudy
Au passage, l'un des élèves a pris connaissance du don fait par sa grand-mère, en découvrant une hache préhistorique dans une des vitrines.
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@ collège Saint Tudy
Un autre élève reconnaît le portrait de son grand-père ...
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@ collège Saint Tudy
La suite du projet amènera les élèves à rencontrer les donateurs pour un échange sur la démarche du don et, bien sûr, l'utilisation de l'objet.
@ collège
Saint Tudy
-Témoignage direct en vidéo -------------------
- - - ----------------- Marius Le Bulze raconte sa vie de mousse
http://www.dailymotion.com/video/xbh7sx_marius-le-bulze-raconte-sa-vie-de-m_webcam
Cliquer
sur le lien ou sur la photo
Solution du jeu de l' objet insolite de la lettre n° 8
Réplique de gabarit pour trancher le thon
Jean Autret était l’auteur de cette réplique, qu’il a refaite à l’identique d’une quantité de gabarits du même type qu’il avait fabriqués pour la conserverie Dandicolle et Gaudin à Groix.
En effet, né en 1929 à Douarnenez, ce charpentier qui travaillait aux chantiers de Cornouaille avait dû en partir après que ceux-ci aient licencié environ 35 salariés en 1948, et travailler ensuite à la cuisson des sardines chez Amieux, où son frère était sertisseur, puis en 1949 à la construction du pont Guilvinec-Léchiagat. Il fut engagé en 1950 chez Dandicolle à Groix où sa mère était contremaîtresse, et où son frère et sa belle-soeur travaillaient aussi.
Il y a fait divers travaux de menuiserie, en particulier des civières de transport des grilles à sardines, et des « caissettes » à encoches pour le redécoupage des grosses tranches de thon en petites tranches au format des boîtes. D’après lui, ces gabarits furent une nouveauté à Groix, alors qu’ils étaient déjà utilisés à Douarnenez afin d’assurer une plus grande sécurité aux ouvrières qui devaient travailler vite, parfois jusque tard le soir, avec des couteaux bien affûtés.
C’est en raison de la difficulté pour le musée à trouver un gabarit ancien de ce type qu’il a eu la gentillesse d’en faire une réplique. Cette réplique étant récente, elle ne peut pour le moment être enregistrée à l’inventaire du musée. Cependant, au bout de quelques années, si le musée n’arrive toujours pas à collecter un gabarit ou calibreur d’origine pour trancher le thon, cet objet pourra être présenté à la commission scientifique régionale, en tenant compte du fait que son auteur est bien le même artisan que pour ceux d’origine de la conserverie où se trouve actuellement le musée, et que sa conformité avec ses fabrications des années 1950 ne fait aucun doute. Jean Autret a par ailleurs fait d’autres dons au musée, d’un couteau d’ouvrière et d’une balle à thon, qui ont, pour leur part, été présentés à la commission scientifique régionale et approuvés à l’unanimité par celle-ci, faisant désormais officiellement partie des collections du musée. Il a également permis au musée de reproduire de nombreux clichés de l’usine ( conserverie Romieux devenue Dandicolle) au début des années 50, qui sont absolument irremplaçables et ont été utilisés dans l’exposition temporaire « Les ouvrières du thon ».
Toujours dans un souci de sécurité, Jean Autret avait également réussi à persuader le gérant de l’usine à faire utiliser une raclette, qu’il fabriquait, pour que l’ouvrière aidant le trancheur de thon puisse caler le poisson avec, au lieu de poser la main dessus, limitant ainsi les risques d’accident. Il a effectivement un temps occupé lui-même le poste de trancheur de thon, utilisant un grand coutelas comme ceux que le musée possède dans ses collections.
Par ailleurs, il travailla également avec le charpentier Fontaine au nouvel abri du canot de sauvetage ( charpente, rampe de lancement), et son neveu à sa naissance fut l’un des premiers usagers du Grussenheim-Alsace. Il continua sa vie professionnelle en se mettant à son compte à Douarnenez, travaillant le bois toujours ( construction navale, puis menuiserie des commerces). Nous avons eu la tristesse d’apprendre son décès en 2009
Jeu : L' objet insolite
© CLG
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L'objet photographié est tronqué. Il lui manque sa partie inférieure.
Qu'est-ce que ce peut bien être ?
A votre imagination !
Video de France 3 consacrée à Paul-Emile Pajot à découvrir.
http://culturebox.france3.fr/all/6658/Paul-Emile-Pajot,-le-peintre-marin
Site internet à découvrir
L'institut national de l'audiovisuel ( INA)
Vous pourrez découvrir plusieurs reportages consacrés à l'île de Groix, dont celui en date du 25 Juin 1966, le plus ancien.
durée : 8 minutes 43
Plusieurs marins-pêcheurs embarquent à bord de l' Ile de Groix ce matin-là … les matelots de l'île de Groix … Mme Le Gurun au puits de Kerhoet … les familles de pêcheurs: M. et Mme Beven de Moustéro, Mathé Bonnec de Locmaria ... les filles dans la cour de l'école des Soeurs … Jeanine, Pascaline du Bar des Grands Sables... le Cercle Celtique ... le jardin de Mme Gravelat … le maire Joseph Puillon.
Cliquer sur le lien qui suit
http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/RXF01026125/l-ile-de-groix.fr.html
Si le lien ne fonctionnait pas vous pouvez vous rendre directement sur le site de l'ina : www.ina.fr
et saisir dans la fenêtre en haut à droite « ile de groix ».
Les videos consacrées à Groix y apparaissent.
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Ouvrages à découvrir
Lexique bilingue illustré dont la base de départ est une recherche faite par le poète Jean-Pierre Calloch ( 1888-1917) à partir de 1906, et tout particulièrement en août 1913.
A l’occasion d’un travail collectif coordonné par M. l’Abbé Pierre Guillemot, autorité reconnue en matière de breton de Groix et Sylvie San Quirce, conservateur de musée, cette recherche a été enrichie et complétée avec des Groisillons bretonnants: Fidèle Tonnerre, Fernand Le Grel, Joseph Bidoc, Camille Paulichet.
En vente 18 € chèque à l'ordre de Société des Amis du Musée de Groix - Frais d'envoi par La Poste 3,02 €
Ecrire à : amisdumuseedegroix@hotmail.fr
« L'enseignement professionnel des pêches maritimes en France » de Denis Biget, docteur en ethnologie, conseiller principal d'éducation, chargé de cours à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest) et chercheur associé au CRBC (FRE 3055 du CNRS).
L'enseignement professionnel des pêches maritimes en France ( 1895- 2007 )
4ème de couverture
Bien que les marins pêcheurs aient depuis longtemps acquis des savoirs et développé des techniques spécifiques, c'est en 1895 que sont créées les premières écoles d'enseignement professionnel des pêches maritimes dans le but d'apprendre aux pêcheurs à mieux exploiter les fonds marins mais aussi pour les faire entrer dans l'économie moderne et les nouvelles organisations de la profession. Les anciens savoirs et anciennes pratiques jugées archaïques devront laisser la place à la technologie de pointe et à un enseignement adapté.
En retraçant l'histoire de cet enseignement, l'auteur montre que l'école de pêche, comme tout système scolaire, est le produit d'un contexte social, économique et idéologique qui est parfois éloigné de simples considérations pédagogiques. Par ailleurs, l'interrogation demeure de savoir si le métier peut s'apprendre à l'école de pêche ou aujourd'hui, au Lycée professionnel maritime ou s'il s'apprend pour l'essentiel en mer, sur le bateau. Enseignants et pêcheurs se renvoient sans cesse l'interrogation sans vraiment donner de réponse.
Cette analyse historique et sociologique pose un certain nombre de questions à l'organisation de l'enseignement maritime d'hier comme d 'aujourd'hui et se veut une contribution à une anthropologie historique des populations littorales.
Il est disponible à la Librairie principale - île de Groix - au prix de 29 euros
Ouvrages disponibles auprès de la SAMG dont l'email est : amisdumuseedegroix@hotmail.fr
© Musée de Groix
«Le Mur de l'Atlantique dans la presqu'île de Quiberon » et tout particulièrement la batterie du Bégo, la troisième dans l'ordre d'importance sur l'ensemble du Mur de l'Atlantique en France, et qui participait, comme les fameuses batteries du Grognon, au réseau des défenses de la base sous-marine de Lorient, est édité par un chercheur qui depuis plus de 20 ans travaille dans les archives françaises et allemandes. Il a publié également «Les fortifications du Mur de l'Atlantique à Belle-Ile ».
En vente 20 €- chèque à l'ordre de Jacques Tomine
" La Mer pour Mémoire" édité par Buhez, l'association des musées de société en Bretagne, sous la direction de Michel Lhour et Elisabeth Veyrat, archéologues de la Direction des Recherches Archéologiques Sous-Marines, son propos est de retracer toute une histoire maritime du Grand Ouest atlantique, construction navale, vie à bord, réseaux économiques et guerre sur mer à travers 40 ans de recherches sous-marines .
En vente 30 € - chèque à l'ordre de Buhez
© Amis du Musée des Sables d'Olonne
Un bel album, numéro spécial de la revue 303, intitulé « Paul-Emile Pajot / Le Journal », publie sous une superbe présentation les plus belles pages de ce journal, où les Groisillons ne sont pas oubliés, comme par exemple les rescapés du Saint-Antoine de Padoue, ou les contacts pris par Pajot lors de son passage à Groix en 1901, en particulier avec son ami le peintre Jean Tonnerre, l'ensemble suivi par les articles de divers auteurs, dont Sylvie San Quirce, conservateur du musée de l'île.
24
€ ( prix spécial pour les Groisillons)
chèque à l'ordre de l'association des Amis du musée des Sables d'Olonne.
Société des Amis du Musée de Groix - 4, Rue Jean-Pierre Calloch - 56590 GROIX
amisdumuseedegroix@hotmail.fr