Extrait du " Fureteur Breton " p 190-191 - juin, juillet 1910
Etymologie de GROIX de Bleimor et Aotrou Judoc
GROIX ne vient pas de GROUAIS comme l'aventureux M. Josse le prétend; ce sont là deux contemporaines parmi le 14 formes orthographiques qu' a revêtues le nom de l'île au cours des siècles. De ses formes, GROIX est la dernière, non la meilleure, GROA et GROIX les plus fréquentes; GROE la plus ancienne (1037, cartul.de Quimperlé, cité par Dom Morice ). Groisillon est du reste antérieur à Ogée (ministre de la guerre. Arch.anc. 1704 . fol 328). GROISILLION, juillet 1703.
Quant à Enez er Groah (qui ne veut pas dire: île des Sorcières comme l'assure le peu galant M.Josse, mais modestement : île de la Veille), aucun document, aucune tradition ne donne ce nom à l'île. C'est purement une des étymologies proposées au mystérieux nom GROIX et recueillies pieuseument par les guides Joanne ou autres, lesquels, imperturbables comme M. Josse, ne manquent jamais d'ajouter que " l'île est en effet couverte de monuments druidiques " Les dolmens et menhirs n'étant pas plus druidiques que le " druide Bleimor ", n'ajoutent aucune probabilité à la thèse GROAH, qui reste une hypo-thèse. BLEIMOR
J'ai
demandé ( V. Perles Armoricaines ) la permission de répondre
tout de suite à BLEIMOR. Je supplie le farouche insulaire de croire
que je ne prends pas les menhirs pour des monuments druidiques, mais je le
supplie également de ne pas se fâcher si j'emprunte l'étymologie
Enez er Grouach à Ogée
et à Souvestre: " aucun document, affirme Bleimor, aucune tradition
ne donne ce nom à l'île. " Aucun document, soit ! mais "
aucune tradition " ! Pourquoi donc le dictionnaire Ogée dit-il
: "Dans cette île, selon quelques antiquaires, habitaient les druidesses.
Ce qui appuie cette opinion, c'est le nom Enez
er Grouac'h, île des Sorcières, qui lui fut jadis donné,
or l'on sait que dans la Bretagne on a attribué aux magiciennes ou
sorcières tout ce qui venait des druidesses " ?
BLEIMOR ne permet pas que l' "île de la Vieille" soit l' "île
des Sorcières". Qu'était-ce donc cette " Vieille "
légendaire ? Ce n'était pourtant ni une servante de curé
ni une des quatre contributions. C'était ... Premettez, Bleimor, que
je cite Souvestre ( La Groac'h de l'île
du Lok ).
Ce nom de Groach ou de Groac'h signifie proprement : vieille femme; on le donnait aux druidesses qui avaient leurs collèges dans une des îles voisines des côtes de l'Armorique et appelée pour cela l'île de Groac'h (dont on a fait par corruption Groais ou Groix. Mais ce nom de Groac'h fut peu à peu détourné de son sens primitif; au lieu de désigner une vieille femme, il finit par désigner une femme ayant puissance sur les éléments et habitant au milieu des îlots, comme les druidesses de l'île, en un mot une fée des eaux, mais de nature malfaisante, comme toutes les fées bretonnes...
Mon Dieu ! Je ne considère pas Souvestre comme une autorité indiscutable, j'estime toutefois qu'il raisonnait assez bien et qu'il avait recueilli quelques traditions. BLEIMOR ne manque pas d'érudition, mais sa logique reçoit de temps à autre des coups de vent. Ainsi, pour lui, la forme la plus ancienne de GROIX est GROE. Et il exige qu'on l'appelle Groisillon ! Je comprendrais mieux GROE ...NLANDAIS. Aotrou ..JUDOC